La découverte de Sparte
François-René de Chateaubriand
(1768 – 1848)
Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811)
…
Il y avait déjà une heure que nous courions par un chemin uni qui se dirigeait droit au sud-est,
lorsqu’au lever de l’aurore j’aperçus quelques débris et un long mur de construction antique :
le cœur commence à me battre.
Le janissaire se tourne vers moi,
et me montrant sur la droite,
avec son fouet,
une cabane blanchâtre,
il me crie d’un air de satisfaction :
« Palaeochôri ! ».
lorsqu’au lever de l’aurore j’aperçus quelques débris et un long mur de construction antique :
le cœur commence à me battre.
Le janissaire se tourne vers moi,
et me montrant sur la droite,
avec son fouet,
une cabane blanchâtre,
il me crie d’un air de satisfaction :
« Palaeochôri ! ».
Je me dirigeai vers la principale ruine que je découvrais sur une hauteur.
En tournant cette hauteur par le nord-ouest,
afin d’y monter,
je m’arrêtai tout à coup à la vue d’une vaste enceinte,
ouverte en demi-cercle,
et que je reconnus à l’instant pour un théâtre.
Je ne puis peindre les sentiments confus qui vinrent m’assiéger.
La colline au pied de laquelle je me trouvais était donc la colline de la citadelle de Sparte,
puisque le théâtre était adossé à la citadelle ;
la ruine que je voyais sur cette colline était donc le temple de Minerve-Chalcioecos,
puisque celui-ci était dans la citadelle ;
puisque celui-ci était dans la citadelle ;
les débris et le long mur que j’avais passés plus bas faisaient donc partie de la tribu des Cynosures,
puisque cette tribu était au nord de la ville :
puisque cette tribu était au nord de la ville :
Sparte était donc sous mes yeux ;
et son théâtre que j’avais eu le bonheur de découvrir en arrivant,
me donnait sur le champ les positions des quartiers et des monuments.
Je mis pied à terre,
et je montai en courant sur la colline de la citadelle.
Comme j’arrivais à son sommet,
le soleil se levait derrière les monts Ménélaïons.
Quel beau spectacle !
mais qu’il était triste !
L’Eurotas coulant solitaire sous les débris du pont Babys ;
des ruines de toutes parts,
et pas un homme parmi ces ruines !
Je restai immobile,
dans une espèce de stupeur,
à contempler cette scène.
Un mélange d’admiration et de douleur arrêtait mes pas et ma pensée ;
le silence était profond autour de moi :
je voulus du moins faire parler l’écho dans des lieux où la voix humaine ne se faisait plus entendre,
et je criai de toute ma force :
et son théâtre que j’avais eu le bonheur de découvrir en arrivant,
me donnait sur le champ les positions des quartiers et des monuments.
Je mis pied à terre,
et je montai en courant sur la colline de la citadelle.
Comme j’arrivais à son sommet,
le soleil se levait derrière les monts Ménélaïons.
Quel beau spectacle !
mais qu’il était triste !
L’Eurotas coulant solitaire sous les débris du pont Babys ;
des ruines de toutes parts,
et pas un homme parmi ces ruines !
Je restai immobile,
dans une espèce de stupeur,
à contempler cette scène.
Un mélange d’admiration et de douleur arrêtait mes pas et ma pensée ;
le silence était profond autour de moi :
je voulus du moins faire parler l’écho dans des lieux où la voix humaine ne se faisait plus entendre,
et je criai de toute ma force :
Léonidas !
Aucune ruine ne répéta ce grand nom,
et Sparte même sembla l’avoir oublié.
--
Janissaire : soldat d’élite de l’infanterie ottomane
Sparte ou Lacédémone : ville grecque du Péloponnèse, située sur l’Eurotas dans la plaine de Laconie, entre le Taygète et le Pamon, cité état puissante comme Athènes et Thèbes.
Léonidas 1 er (540 – 480 avant JC) : trouve la mort à la bataille des Thermopyles contre les Perses.